Freak Brother
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Sujet: Niglo... Sam 16 Juin 2007 - 13:04 |
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"Qu'il suscite la gourmandise de celui qui en rêve ou qu'il contribue à désigner certains Tsiganes, le hérisson, probablement plus que tout autre animal — et à l'exception du cheval — occupe une place prépondérante dans la culture des Manus ou Sinté, des Jenis et autres Voyageurs, mais aussi chez certains Rom et Gitan."
"Mais d'où provient l'engouement culinaire des Tsiganes pour cet animal ? S'agit-il d'une habitude alimentaire héritée d'un lointain passé ou d'une rencontre récente et serait-elle redevable à la marginalisation d'une partie importante des Tsiganes ?"
"Dans une tour qui tient lieu d'athanor, on remarque en effet dans la partie supérieure un oiseau où certains verront un aiglon - suggérant bien-évidemment les Aigles ou Sublimations du Second OEuvre - tandis que d'autres croiront nettement distinguer un corbeau, désignant la phase de putréfaction du caput mortuum qui a subi la séparation du "beau corps" (corbeau) mercuriel, au sortir du Premier OEuvre. Jusqu'à la forme même de l'édifîce qui remplit complètement le quatre-feuîlles et détermine ainsi une croix, désignant sans ambages, dans sa partie médiane, le creuset (crux, cruz) au sein de l'athanor, dont la partie inférieure laisse apparaître un porc-épic ou hérisson surmonté d'un Tau. Si l'on sait que ce dernier symbolise d'une manière générale la Gnose en scellant l'empreinte de la Tradition, on sait moins qu'il est l'apanage des Antonins se réclamant de Saint-Antoine l'Ermite. En outre, le Tau esquisse ici la forme d'un maillet ou d'un marteau, capable d'effectuer précisément la séparation de "la lumière des ténèbres", évoquée plus haut D'ailleurs, le hérisson ne suggère-til pas parfaitement ici, ainsi qu'à Bourges, au Palais Jacques Coeur - la prima materia du Grand OEuvre, tant ses épines ne laissent de nous interpoler par leur éloquence !" (în "Le Grand OEuvre à tire-d'aile, du clerc adepte Pyrazel", éd. hors-commerce).
Nous nous permettrons quant à nous, d'y adjoindre l'interprétatîon symbolique du hérisson, associé à la châtaigne, fournie par Fulcanelli : "Or, ce fruit auquel son péricarpe épineux a fait donner le nom vulgaire de hérisson (en grec oursin, châtaigne de mer), est une figuration assez exacte de la pierre philosophale telle qu'on l'obtient par voie brève. Elle parait, en effet, constituée d'une sorte de noyau cristallin et translucide, à peu près Sphérique, de couleur semblable à celle du rubis balai, enfermé dans une capsule plus pu moins épaisse, rousse, opaque, sèche et couverte d'aspérités, laquelle, à la fin du travail, est souvent crevassée, parfois même ouverte, comme l'écale des noix et des châtaignes."
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"L'image du Tsigane friand de hérissons est largement répandue dans le grand public, mais elle n'est que partiellement conforme à la réalité. L'appropriation de cet animal par la culture tsigane ne vaut pas pour tous les groupes, du moins pas simultanément. Il est possible qu'à l'une ou l'autre période de leur histoire, tous les Tsiganes aient goûté du hérisson, voire même aient dû leur salut à cette viande. Mais la pratique alimentaire, elle-même bien ancrée à un moment donné, peut tomber en désuétude ultérieurement, lorsque d'autres conditions de vie sont rencontrées. Si la consommation du hérisson est quotidienne chez les Manus buissonniers du Massif Central, elle est beaucoup plus aléatoire chez ceux des villes qui mènent un autre train de vie, voire tout à fait étrangère à leurs habitudes alimentaires."
"Le hérisson est un animal à activité crépusculaire et nocturne. Il ne construit pas d'abris temporaires ou permanents sur son territoire, mais il dort, pendant le jour, dans des nids d'herbe sèche et de feuilles mortes, souvent situés dans les buissons ; il occupe parfois des terriers de lapins ou se cache dans des tas de feuilles ou de foin. Le hérisson est un hibernant qui hiverne généralement là où il vit à la bonne saison, dans une litière de feuilles, de brindilles ou de mousse. Il entre dans une léthargie profonde dès que la température ambiante descend en dessous de 15°C à 17°C. C'est un omnivore qui mange aussi bien des produits d'origine animale que des racines, des fruits, des glands. Les insectes, les limaces, les escargots, les lombrics mais aussi plusieurs petits vertébrés tels les campagnols, les grenouilles, les lézards et les serpents occupent une place importante dans son régime alimentaire. La femelle du hérisson présenterait deux œstrus par an, en mai-juin et août-septembre. Elle seule prend soin de ses petits"
"La plupart des Tsiganes mangeurs de hérissons connaissent bien ces données et ils en tiennent compte aussi bien pour l'organisation de la chasse que pour les préparations culinaires et pour leur appréciation globale de cet animal. Le hérisson est réputé pour sa sagesse et les Manus, par exemple, le considèrent avec beaucoup de respect et d'affection. Mais les Tsiganes sont davantage attendris par l'« amour » de la femelle du hérisson pour ses jeunes. Car lorsqu'un hérisson a ses petits, il redouble d'agressivité à l'égard du chasseur ; « il fait des bonds » pour éviter d'être pris et « il crie comme un bébé ». Ces caractéristiques-là ne peuvent que susciter l'émotion des Tsiganes pour qui la famille et le petit enfant constituent les biens les plus précieux."
"L'appétit du hérisson est proverbial : cet animal est perçu comme un véritable glouton pendant la bonne saison. Et pourtant, il est considéré comme un animal très propre, plus propre même que le cheval. « On mange du cochon, et le cochon mange tout ; tandis que le hérisson, c'est une viande saine parce qu'il est propre. Si nous mangeons des poulets, pourquoi ne mangerions-nous pas des hérissons ? Les poulets sont malpropres parce qu'ils mangent tout ce qu'ils peuvent trouver. » Certains Tsiganes se montrent horrifiés (ou feignent de se sentir tels) à l'idée que l'animal mangerait de la viande, notamment ces êtres impurs que sont les serpents et les batraciens, au risque d'être contaminés par leur souillure."
"Le hérisson n'est pas seulement un mets de qualité au goût exquis ; c'est aussi un animal auquel les Tsiganes reconnaissent des vertus thérapeutiques. Comme bien d'autres Manus, Kalo en voit le signe dans l'immunité de cet insectivore contre les morsures de vipères. La graisse et le sang du hérisson sont employés pour guérir les maladies de la peau, les furoncles et bon nombre d'intoxications (Wood, 1973). La graisse notamment contiendrait des antitoxines suffisantes pour écarter le danger du tétanos (Dollé, 1980). Lorsqu'elle est frottée sur la peau, la graisse du hérisson constitue un excellent remède pour combattre la sciatique et les rhumatismes. Des Gypsies mettent du gras de hérisson dans leur oreille lorsqu'ils souffrent d'un mal local ou d'une légère surdité. Pour combattre la coqueluche ou le mal de dents certains Tsiganes suceraient une patte de l'animal (Thompson, 1910 : 159-172). L'huile qui est extraite de la graisse a vaguement le goût de l'huile d'olive qu'elle remplace avantageusement dans la cuisine. En outre, elle s'avère très bonne pour fortifier les cheveux, les rendre doux et noirs. Cette huile combat aussi la douleur des brûlures. Enfin, elle sert d'onguent pour soigner les maux d'oreille, les cors aux pieds et les chevilles foulées."
"Par son mode de vie et sa psychologie, le hérisson est un peu le Tsigane du règne animal. Et cet état engendre une forme d'intelligence avec le Tsigane humain. La chasse constitue le moment privilégié de la rencontre entre ces deux êtres. Comme dans la relation amoureuse, les partenaires se font des dons. Ici, l'échange se passe à l'insu des Gadjé. Le hérisson accède à une certaine humanité par le regard que lui porte le Tsigane. Dans les histoires dont il est l'objet, l'animal respecte ses morts, connaît l'ordre des choses et le rappelle au Tsigane. En retour, le Tsigane produit une part de son identité au fil d'un processus immuable mais singularisé qui passe par la consommation de cet animal. Le repas où l'on consomme du hérisson est un moment riche en émotions, une activité communautaire à laquelle ne sont conviés que les intimes de cette complicité."
" Chez les anciens Tsiganes, ceux qui ont survécu grâce aux hérissons, la chair du petit animal n'a jamais été méprisée. Mais la société tsigane n'est pas figée. Ses traits culturels ne le sont pas non plus. Les Tsiganes ont aujourd'hui une nourriture plus diversifiée. Ils ne sont plus isolés comme avant. Ils ont accès à la société de consommation dans la plupart des pays où ils résident. Nombreuses sont les familles qui voyagent en empruntant les voies rapides de communication, loin des sentiers buissonneux. Les soirées se déroulent de plus en plus souvent devant la télévision. Les rapports avec le hérisson se transforment. La chasse que l'on faisait pour se nourrir mais aussi « pour se passer le temps et prendre du plaisir à plusieurs » est progressivement abandonnée. Les préparatifs culinaires paraissent trop longs. Les temps changent. Même dans les groupes — comme chez Kalo — où cette viande est prisée, la consommation du hérisson diminue. Bien sûr, le processus ne touche pas tous les Tsiganes de la même façon. Ceux qui vivent comme les « Buissonniers » sont toujours très sensibles à la culture du hérisson telle que nous l'avons évoquée. D'autres, pourtant beaucoup plus urbanisés, gardent une grande vénération pour cet animal.
Mais, presque en parallèle avec ce mouvement, l'usage du hérisson comme symbole se modifie. L'image de cet animal est reproduite, notamment via des périodiques de liaison religieuse et des autocollants ou comme illustration d'ouvrages de sensibilisation, à l'instigation des Gadjé. Elle est employée comme une carte de visite, tout particulièrement à l'égard des Gadjé. Les Tsiganes (ou plus exactement ceux pour qui le rapport au hérisson a eu un sens) sont donc appelés à contempler leur symbole plutôt qu'à le vivre comme par le passé. Mais cela peut leur paraître d'autant plus acceptable, que le symbole ne renvoie plus, dans la plupart des cas, à une pratique vécue à l'abri des regards extérieurs. L'éthos tsigane s'investit désormais ailleurs, et sous d'autres formes, notamment dans le messianisme salvateur des opprimés. Les traditionalistes le regretteront sans doute. Mais pour se perpétuer et vivre dans un milieu qui s'avère bien souvent hostile, il faut pouvoir atténuer tous les enracinements."
http://terrain.revues.org/document2930.html
http://yeniche1969.skyblog.com/68.html
http://www.ledruide.net/blog/?jour-du-herisson
http://nigloland.free.fr/Niglo_Menu.htm
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